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Nous glissons alors de cases en cases jusqu’à notre hamac.

— Boa noite, Meirelles.

— Boia noite, frances.

… Et les jours passent vite dans le village indien. Nous décidons Malhoa à nous guider, escorté de quelques uns de ses guerriers, jusqu’à une grande roche que l’on dit couverte de dessins représentant des animaux et des Indiens.

Inscriptions rupestres, peut-être, qui ont ameuté notre curiosité et nous n’avons eu de cesse, Meirelles et moi, que Malhoa n’ait cédé à notre requête. En avant donc. Il est tôt encore et sur une plage minuscule, tout près de l’« aldeia », de jeunes Indiennes s’ébattent en toute innocence, s’aspergeant de l’eau tiède et limpide de la rivière.

Merveilleux tableau que ne désavouerait pas Gauguin, plein de lumière et de couleurs chaudes, tout bruissant des rumeurs de la forêt éveillée. Les perroquets du village mènent un beau vacarme ; armés d’arcs et de flèches, les Indiens partent en forêt chasser le singe rouge ou l’antilope, les plus jeunes vont pêcher au harpon ou au nivrè[1] dans des lagunes, et les vieux vont aux champs, ramasser les fruits et déterrer les racines de manioc.

Des urubus planent en grand nombre au-dessus du village et s’ébattent sur les tas d’immondices qui cernent les cases, avec des croassements aigres. Claudiquant sur leurs pattes malhabiles, parfaitement ridicules avec leur cou et leur tête pelés, dégageant une odeur fétide, ils se

  1. Racines aux propriétés soporifiques.