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qui se relaient avec ponctualité dans la case des fêtes. Quelques blancs, attirés justement par la rareté de ces objets et désireux de les acquérir, se heurtèrent de la part des Indiens à un courtois mais définitif refus. Les plus sages obtempèrent. Les autres…

Un Portugais, trafiquant de peaux, de passage dans une « aldeia », profita de l’hospitalité généreusement accordée pour s’approprier quelques masques de fibres.

A l’aube du lendemain, le Portugais embarqua dans sa pirogue sans éveiller l’attention des Indiens et ses rameurs noirs pagayèrent fort pour prendre le large, alléchés sans doute pa la prime offerte par le trafiquant, guère rassuré quant aux conséquences possibles de son vol.

Les noirs ramèrent trois jours et trois nuits, empruntant d’étroits « arroyos », afin de détourner leurs poursuivants, si poursuivants il y avait. Le Portugais se frottait les mains supputant déjà le produit de vente de ces parures fort estimées des amateurs en raison même de leur rareté. Ils atteignaient déjà l’embouchure du Tapirapé. Ils étaient sauvés.

C’est alors que, d’un seul coup, ils perçurent des cris de guerre. A quelques centaines de mètres derrière eux, des pirogues indiennes chargées de guerriers armés d’arcs et de flèches avançaient rapidement.

Les noirs affolés redoublèrent d’ardeur. Le Portugais doubla la prime promise, la tripla. Tremblant pour sa peau, il ne pouvait cependant se résigner à perdre le fruit de son larcin.

Déjà les Indiens étaient à portée de flèches. C’était la mort à brève échéance, sans espoir de secours d’aucune