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— Auri tàtàupàuà irambu, répète Malhoa.

Nous prenons congé et sortons. Je file en vitesse vers la rivière me passer de l’eau sur le visage, je sens la croûte devenue épaisse, huileuse sous mes doigts. J’essaie avec une brosse et du savon… rien à faire. Un morceau de miroir de poche reflète ma gueule hirsute et barbouillée… Pas d’erreur, c’est moi.

— In-dé-lé-bi-le… m’assure Meirelles avec le sourire…

Ça promet.

Derrière le village, sur la petite place cernée d’herbes hautes, de jeunes Indiens musardent au soleil. Quelques uns préparent des ornements de fête consistant essentiellement en masques de fibre et ceintures de plumes, d’autres jouent à la « peteque » ou discutent gravement, assis en rond sur des nattes.

Ce sont des célibataires que la coutume oblige à rester dans l’inactivité complète jusqu’à leur mariage. Ils se font entretenir par leurs parents ou par la communauté, sans avoir le droit de passer devant les cases (seulement par l’entrée arrière) jusqu’au jour où ils prennent femme.

Alors — et de ce jour-là seulement — ils participent aux travaux des champs. Pas souvent, car les Karajas sont de mauvais agriculteurs et préfèrent la chasse et la pêche (leur indolence d’ailleurs les fait souffrir de la faim surtout lorsque, à la saison des pluies, pistes et rivières sont impraticables).

Un Indien, dans l’ombre projetée par la case des fêtes, se tient debout, légèrement penché en avant, appuyé sur une lance, les jambes écartées. Il est absolument nu. Un autre Indien, tantôt à genoux, tantôt courbé, passe sur