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la case de Malhoa et, avachi sur une natte, décidé à toutes les incorrections, je me laisse aller à un paisible sommeil entrecoupé de rots sonores…

Lorsqu’enfin reposé, l’estomac plus libre, j’ouvre les yeux, j’aperçois la jeune Indienne qui s’occupe à raviver les tatouages anciens de Malhoa et en dessiner d’autres sur la poitrine et sur les bras au gré de son inspiration artistique.

Malhoa semble très flatté d’accueillir sous son toit un hôte qui sache apprécier son hospitalité au point d’en être malade. Je ne sais comment lui exprimer la gratitude de ma digestion, mais nos yeux, l’espace d’un éclair, se rencontrent, se comprennent, et tous les deux, avec un ensemble parfait nous courbons la tête en signe d’assentiment.

Meirelles a retiré ses bottes et sommeille cependant qu’une gamine s’efforce d’extraire des chiques qui ont élu domicile sous les ongles de ses doigts de pieds.

Avec une pointe en os, elle fouille la chair qui cède et se creuse comme putréfiée, puis elle retire une pâte blanche et gélatineuse faite de milliers d’œufs déposés par la chique (puce jaune clair) opérant sans douleur mais animée d’une activité prolifère redoutable, rongeant les chairs pour y déposer ses œufs qui, retirés des doigts de pieds, laissent des trous dans lesquels on pourrait aisément loger l’extrémité du petit doigt. Pour éviter l’infection, Meirelles badigeonne les cavités rosâtres avec un peu d’alcool à 90° et les bourre ensuite avec de l’ouate. Raari, la femme du cacique, sa troisième plus justement, procède maintenant à une curieuse opération qui rappelle