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d’épaisses nattes tressées.

Il y a des arcs de plus de deux mètres de longueur, en bois noir et lisse, des flèches, hautes comme un homme, à la terminaison acérée. On en voit avec des pointes en os taillées en fer de lance, certaines mêmes ont, incrustées dans le bambou, de longues arêtes barbelées et coupantes comme des lames de rasoir, longues de vingt centimètres, couvertes de la glu jaune d’un poison végétal. On voit aussi des pointes épanouies en de multiples épines vénéneuses comme une fleur entr’ouverte et mortelle, les plus pacifiques destinées à la chasse aux oiseaux-mouches sont alourdies d’une boulette de résine. Des matraques de bois de fer au manche ceint d’une gaine de fibres tressées et teintées voisinent avec des lances empennées de plumes aux couleurs éclatantes, et des ceintures de fête en peau de serpent artistiquement superposées et piquetées d’aigrettes, et des calebasses grandes ou petites gravées de dessins noircis à la braise ou peintes à l’urucum. Une hotte en osier pend au plafond, des fruits sèchent, enfilés dans les lianes à côté de lanières de viande ou de poisson fumés.

— Tataupaua irambu auri, dit Malhoa.[1]

— Auri tiotoeka, répond Meirelles.[2]

Le cacique nous invite ce soir à un grand banquet donné en notre honneur. Ne voulant pas être en reste de politesse, je bafouille aussi :

— Auri tiotoeka…

Le cacique est tellement heureux de cet effort qu’il

  1. Ce soir fête… ce sera bon… venez.
  2. Bon… merci.