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ménagers sans que sa robuste constitution en soit affectée. En Europe, on appellerait cela « couvade »…

La venue d’un enfant chez les Indiens est un événement heureux, dignement fêté surtout lorsqu’il s’agit d’un garçon. Le nouveau-venu est l’objet de tous les soins, de toutes les attentions, il mène une vie de nabab comblé et gâté comme peu d’enfants le seraient dans la vie civilisée, devenant très vite un tyranneau aux caprices innombrables, sitôt satisfaits que formulés.

Jamais les Indiens ne battent leurs enfants, et les Indiens ne sourient que lorsqu’ils ont un bébé dans les bras. Cependant, dans certaines tribus, ils limitent les naissances à trois par femme, étrange moyen de sélection de la race, dans lequel le sorcier joue un rôle des plus actifs, pratiquant avec succès l’avortement au moyen d’herbes spéciales cueillies dans la forêt.

Devenue mère, l’Indienne ajoute à ses tatouages des signes cabalistiques indiquant le sexe et le nombre de ses enfants. De toute manière, signes et tatouages ne détruisent en rien l’harmonie de ses traits délicats, ajoutant au contraire une note attrayante de personnalité, un chic indéniable. Malgré les bains répétés quotidiennement, la crasse forme sur sa peau une sorte de vernis graisseux, luisant et fétide qui la fatigue puis la ride, accentuent encore davantage les ravages physiques entretenus par une existence laborieuse. Cette crasse cependant possède l’avantage primordial de la protéger efficacement des moustiques et des mouches qui répugnent à l’odeur dégagée et ne peuvent réussir à percer de leur dard la carapace ainsi formée.