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parents et non de leur désir, n’étant libres ni l’un ni l’autre de la rejeter.

Durant ces quelques jours, il font « nattes à part » bien sagement, sans esquisser la moindre petite privauté, ébauchant un flirt tout platonique, avec des promenades en commun au bord de la rivière et des jeux puérils autant que gracieux. Et lorsqu’enfin ils ne se regardent plus avec des yeux « curieux » et que cette période de vie commune fort agréable les incline à une solide amitié, alors seulement le garçon prouve à la fille ses qualités d’époux et enfin unis devant Dieu et devant les hommes, ils se préparent à affronter ensemble la dure vie de la jungle.

Dès cet instant, la femme Karaja devient la maîtresse absolue de la case et de tout ce qui se rapporte à l’économie. Elle participe activement à la vie politique du village, grossissant du poids de ses arguments les commérages caquetants de ses consœurs. Elle s’intéresse alors directement et définitivement à la structure de la vie sociale indienne.

Si le mariage donne certains droits à son mari, il lui en accorde aussi d’incontestables. C’est ainsi qu’elle peut battre l’homme s’il n’est pas suffisamment délicat avec elle ou s’il néglige de travailler. Mais elle ne doit pas exagérer, car, avec le bon sens qui la caractérise, la loi indienne déclare que le battu peut alors battre sa femme et ce jusqu’à ce que mort s’ensuive. C’est à ma connaissance la seule tribu qui accorde ainsi certains droits à la femme. En général, celles-ci n’ont en aucun cas le droit