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le poisson rassasié n’oppose plus qu’une béatitude de bon aloi.

De toute manière, vainqueur de ce tournoi, le futur mari complète son examen prénuptial en défrichant un coin de la jungle à quelque distance du village. Il plante alors du mil, du manioc, des arbres fruitiers et lorsque les premières pousses sortent vigoureusement de la terre retournée avec une houe de bois de fer, il est déclaré bon pour le mariage.

Après l’échange rituel des cadeaux, les jeunes gens sont réunis sur la grande place du village. Ils écoutent sagement les conseils prodigués par les anciens d’abord, par leurs familles ensuite et participent aux danses présentant un caractère ancestral au son des « grunchos » et des « chocalhos »[1]. Les hommes vont en file, à petits pas, de droite à gauche, les femmes de gauche à droite, leur faisant face.

La fête dure tard dans la nuit. Elle est le prétexte à de nouveaux ébats amoureux qui se distribuent aux quatre coins du village. Quant au jeune couple, il rejoint la case qui lui est affectée, en général celle que l’homme a construite de ses propres mains ou aidé de ses amis durant la période des fiançailles.

S’ils sont alors mariés aux yeux de tout le village, il ne le seront vis-à-vis d’eux-mêmes et dans toute l’acception du terme qu’après un délai de six à dix jours qu’ils emploieront à parfaire leur connaissance. Car ils se connaissent fort mal, leur union étant l’œuvre de leurs

  1. Instruments primitifs de musique indigène.