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PROLOGUE


Et d’abord, il y a eu le bruit des chaînes ruisselantes halées par un treuil à vapeur, la sirène demandant la passe, mille et mille mouchoirs dansant sur les quais bruyants.

Après, il y eut la mer. Quelques crêtes se découpant sur fond bleu, Cabo Verde, Pointe à Pitre, Fort de France…

Brèves escales laissant à la bouche la saveur persistante et douçâtre de rhum blanc et de la canne à sucre.

Brèves rencontres ; dans une case, des négresses avec leurs seins pointus et leurs danses agressives, un sorcier avec ses reptiles et puis des tas de camelots, et de mendiants et des fillettes à peine pubères détaillées et vendues par leur mère, leur frère !…

Quelques ports ; misère, crasse, détresse parfois. Les quais sont gras, le charbon s’érige en monticules invraisemblables, les bouges aux cloisons lépreuses servent du tafia dans de grands verres sales.

Des villages ; la nature insolente écrase les ruelles mornes et les visages sans lumière. Le soleil est une chape