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forts, défendre et honorer sa mémoire et l’assurer de leur fidélité…

Ce paragraphe, traduit par Meirelles, explique la conception de la polygamie chez les Indiens du Matto Grosso, en même temps d’ailleurs qu’elle la limite, car il n’est pas à la portée de tous les guerriers de nourrir et de défendre trois ou quatre femmes.

Il faut avoir bon œil, bon pied, et avec tous les moutards appelés à naître, l’ensemble représente pour l’ambitieux mari, un travail écrasant et de sérieux soucis.

La forêt, la rivière, ne sont pas toujours prodigues de leurs richesses. La terre est basse dans le Matto Grosso lorsqu’il faut la gratter pour planter le manioc ou le mil nécessaire à la subsistance d’une nombreuse famille…

Pour vérifier justement la capacité du mari, une épreuve de force précède le mariage. Elle consiste chez les Karajas à plonger dans une crique repérée à l’avance et fermée de grosses pierres à la manière d’un lac et à saisir avec les mains un poisson de trente à quarante kilos, aux dents fort acérées et de nature particulièrement féroce, prisonnier dans la crique depuis quelques jours et demeuré sans nourriture.

La lutte ne se termine pas toujours à l’avantage de l’homme. Saisir un tel poisson par les ouïes et le balancer sur la terre ferme exige souplesse, force, courage…

En cas d’échec, le candidat est houspillé et invité à réfléchir. En cas de mort, un autre soupirant se présente, qui prend sa place auprès de la fiancée. Il lutte avec le même poisson, certain désormais d’obtenir la victoire, car la