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Le mariage est en même temps une impérieuse nécessité. Il faut se marier pour assurer la continuité de la race, pour avoir des enfants qui deviendront des guerriers forts et courageux et défendront de manière effective l’ensemble de la communauté. Les habitants d’un même village se doivent aide et assistance, leur organisation sociale prévoit même de véritables maisons de vieillards où viennent se reposer, délivrés de tout souci, les vieux guerriers usés par la fatigue.

Il est vrai que certaines tribus préfèrent les supprimer dès l’instant où ils deviennent une charge pour la communauté. Les vieux sont en général d’accord et boivent eux-mêmes le poison préparé à leur intention. Il en est de même pour les infirmes qui, en période de guerre ou de disette, sont fort encombrants. Cette sélection s’effectue sans violence, elle est un fait accepté de tous et qu’il ne viendrait à l’idée de personne de contester. La vie est dure en forêt, seuls peuvent y vivre les forts.

Il est dit aussi dans la loi indienne, qui est orale et transmise de générations en générations de n1anière fidèle :

— Karaja peut avoir autant de femmes qu’il lui plait, à condition de subvenir à tous leurs besoins et d’assurer leur protection, il devra les nourrir comme il se nourrit lui-même, avoir pour elles les soins qu’il a pour lui, et rendre à toute de manière équitable l’hommage de sa virilité. Par contre, ses femmes devront au lieu de crier et se disputer, s’empresser de satisfaire ses désirs, de faire cuire son mil, de tresser les nattes pour le repos et les hamacs pour le sommeil, lui donner des enfants beaux et