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qui abusa de sa faiblesse et accepte quelques menus cadeaux apportés à son intention.

Cependant, de retour au village, la femme va conter la chose à son mari qui décide, suivant les lois de la tribu, des sanctions à infliger au coupable. Il peut se juger outragé et demander réparation par les armes ou répudier et même tuer sa femme simplement parce qu’elle a appartenu à un autre. Suivant la position sociale de son rival, il peut s’estimer flatté et alors il accepte les cadeaux que celui-ci s’empresse de lui apporter. Un accord tacite de ménage à trois est conclu, car, dans sa sagesse, l’indien observe :

— Ils se connaissent maintenant, à quoi bon les contrarier, le mal est fait, rien ne pourra endiguer son cours.

L’amant en titre devient donc l’ami du mari et leur existence se poursuit paisiblement.

Certains, par contre, organisent aussitôt une véritable chasse à l’homme qui doit se terminer par la mort de l’agresseur ou du mari outragé. Mais le vainqueur de cette lutte doit craindre la vengeance des membres de la famille du défunt. La vendetta chez les Indiens n’est pas un mythe et leur haine est inextinguible, ce qui amène parfois des luttes sanglantes de village à village et l’anéantissement total de leurs habitants respectifs.

L’adultère n’est donc pas un fait prémédité, mais un viol pur et simple, rejeté ou accepté suivant la loi qui régit la vie de la communauté.

Chez les Karajas, le mari demande réparation au coupable en l’invitant à se prêter aimablement à une distribution de coups de « borduna », c’est-à-dire à un matra-