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tressaille. Parfois épuisé, il chancelle et se sent près de défaillir. Son sang ruisselle, la terre tourne, ses yeux se ferment sur un voile rouge…, alors il se redresse et d’une voix ferme, crie en riant nerveusement :

— Arrête, tu n’es qu’un enfant, tu te fatigues inutilement, laisse-moi te montrer comment doit frapper un homme, donne-moi ton fouet…

Le fouet change de main, les coups pleuvent maintenant sur le dos lisse, on entend le bruit mollasse des chairs qui se déchirent…

Le flagellé de tout à l’heure tape avec frénésie jusqu’à ce qu’enfin l’autre formule les phrases rituelles qui mettront fin à ces duels singuliers :

— Allons, tu n’es qu’une femme…

Le vainqueur est celui qui a subi le plus longtemps la flagellation. Il saisit par le bras la fillette et l’entraîne dans les fourrés avoisinant la place du village, cependant que d’autres s’affrontent encore pour décider de celui qui prendra sa place.

Avant le mariage, la jeune femme indienne est maitresse absolue de son corps ; elle se donne à qui lui plait ou à qui la prend sans aucune restriction. Cependant après le mariage l’adultère est rare. L’initiative en revient toujours à l’homme qui, sous l’empire d’un besoin brutal, exige satisfaction immédiate de la femme qui se trouve à sa portée et loin de tout secours. Considérant la chose comme inévitable, l’Indienne surprise au bord de la rivière ou sur une piste, n’oppose à l’agresseur aucune résistance. Après l’acte, elle converse même longuement avec l’homme