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« elle », aura pour mission précise d’assurer à la communauté une descendance nombreuse.

L’initiation amoureuse est précoce. Les jeunes garçons sont amenés à de vieilles femmes qui ont pour mission de les éduquer en quelques nuits ; les jeunes filles sont confiées au sorcier qui, en principe, se réserve « le ius primae noctis ».

Bien souvent ceux-ci n’ont pas attendu les leçons de ces maitres d’un genre tout à fait spécial pour connaitre à fond le mystère des ébats amoureux. En effet, les anciens, nullement gênés par leur présence, s’ébattent en toute heure et en tout lieu, au vu et au su de tous, considérant l’acte d’amour comme fort naturel, nullement répréhensible, indispensable au contraire à la vie de la tribu dans le sens de la procréation.

Avec l’esprit d’imitation qui les caractérise à cet âge, les enfants s’amusent à imiter leurs anciens. Ce n’est d’abord qu’un plagiat maladroit et incomplet, c’est ensuite une réalité parfois bien avant la puberté.

Certaines fillettes d’ailleurs sont vendues à leur futur mari bien avant leur complète formation. Celui-ci s’engage à la respecter, mais ne tient pas toujours parole. Comment le pourrait-il, vivant en parfaite intimité avec celle qu’il considère d’ores et déjà comme sa femme ?

Des mariages se concluent même, suivant le vœu des parents, alors que les futurs époux sont encore à téter le sein de leur mère, mais déjà ils doivent vivre ensemble et sont considérés par tous comme mari et femme. Personne ne voit d’inconvénient à ce qu’ils le deviennent effectivement aussitôt qu’ils en sont capables.