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parlent, se jugeant indignes de l’attention qu’on leur accorde, elles évitent le regard de leur interlocuteur et répondent doucement en tournant la tête, ce qui fait qu’on à l’impression de causer tout seul.

Leur voix est rauque. A chaque période, elles semblent pleurer et leurs phrases s’achvent en sanglots ou gloussements geignards. Pour l’instant, elles tressent des nattes de fibres. L’une d’elles berce du pied, dans une claie d’osier matelassée de coton, un bébé de quelques mois qui vagit. Il est extrêmement difficile d’évaluer leur âge. Elles sont vieilles ou jeunes, mais sans intermédiaire ni restriction. Le type « dame mûre bien conservée » n’existe pas chez les Indiennes. Leurs seins fatigués par de précoces et nombreuses maternités révèlent les vicissitudes automnales d’une vie très rude. Leurs corps, sveltes et nus, au canon nettement asiatique, sont dépourvus de tout système pileux. Comme les hommes d’ailleurs, dont le sexe est attaché avec une ficelle, afin de le protéger des moustiques voraces et surtout des « candirus », microbe abondant dans les rivières mattogrossences, qui pénètre dans l’urètre des baigneurs, le ronge comme un chancre, très lentement, mais sûrement, jusqu’à provoquer une hémorragie sans remèdes dans le système urinaire.

Ainsi, lié dès l’enfance, le membre viril des Indiens adultes est presque atrophié. Ne mâchons pas les mots, minuscule. Œ qui explique en partie la frigidité absolue des Indiennes qui s’accommodent évidemment fort mal de ces embryons d’attributs masculins à peine suffisants à la procréation.

Par ailleurs, l’amour chez les Karajas revêt un carac-