Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

 
— Karaja ne revient pas sur terre,
— Karaja est mort, ahahahahahaha.

Quelques poteries sèchent dans le sable. Des jarres surtout, au travail grossier, peinturlurées de couleurs vives avec des dessins asymétriques. Une grande peau de serpent fichée sur un pieùx s’écaille.

Malhoa nous a vus, il vient à notre rencontre.

— Tatarian.

— Tatarian rarerim karaja[1].

Il nous précède dans sa case qui est à peine plus grande que les autres avec sa toiture de « buriti indaya » de forme ogivale. Je ne distingue d’abord rien. Une odeur forte de fumée me fait tousser, puis pleurer. Malhoa rit.

Entre deux pierres, il y a un peu de feu. Sur les pierres, une marmite de terre cuite, autour, quelques femmes accroupies fumant le tabac de nos réserves dans une pipe courte en forme de fuseau. Cette pipe, d’ailleurs, gîte en permanence au coin de leur bouche édentée, ce qui a pour effet de noircir les chicots qui restent encore plantés dans leur mâchoire.

Lorsqu’elles ne fument pas, elles chiquent et crachent avec force à des distances incroyables, faisant entendre, surtout sous l’empire de la surprise ou de l’émotion, de sonores éructations. Elles sourient rarement et c’est dommage, car, lorsqu’elles le désirent, elles ont un sourire doux et résigné, énigmatique aussi qui ne doit rien à la Joconde.

Leurs gestes sont lents, pleins de grâce. Lorsqu’elles

  1. Formules de politesse.