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relles. Elle pleurera longtemps encore. Lorsqu’elle sera fatiguée, c’est-à-dire aphone, une voisine, une parente viendra la remplacer, puis une autre. La coutume exige que l’on pleure les morts durant une période équivalente à six mois de notre calendrier.

Lamento improvisé qui clame les mérites du défunt, cette plainte a quelque chose d’inhumain.

Meirelles, qui comprend le dialecte, traduit au fur et à mesure du déroulement des versets le chant des morts indien :

— Ahahahah,
— Il n’ira plus pêcher,
— Ni chasser ni lutter ni danser.
— Karaja est mort ... ahahaha.
— Jamais plus je ne le peindrai.
— Pour l’« aruana »[1] et pour la guerre.
— La glu de ses flèches est froide.
— Qui viendra me défendre de la bête des bois ?
— Je suis seule avec son fils.
— Son fils est si jeune,
— Et moi je suis si vieille.
— Karaja est mort, ahahahaha.
— Il n'ira plus chercher la « melancia »
— Ni la patate douce et ni la « mandioca ».
— Plus personne ne lancera son défi.
— Les blancs ne meurent pas, eux,
— Ils deviennent pierre et restent sur la terre.

  1. Danses.