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Sans doute pour nous plaire, et nous voyant amusés de leurs mimiques, ils organisent en toute naïveté un véritable concours de péterie. Sans se forcer, avec une aisance dénotant un long entrainement à cet exercice, ils évacuent les gaz gastriques à une cadence vertigineuse, presque mélodieuse, ma foi !…

Leurs intestins semblent prodigues en la matière.

Ça dure, ça dure…

Le vainqueur est acclamé. Modeste, il se repose de ses émotions, appuyé sur l’arrondi élégant des épaules de ses deux femmes dont les seins piriformes pointent drôlement, chacun de leur côté.

Des bébés dorment paisiblement installés à califourchon sur les hanches étroites de leur mère qui, de temps à autre, les contemplent avec amour, lappent leur morve comme des chattes lustrent la fourrure de leur petit.

Malhoa, le chef indien, qui était sorti, revient, les bras chargés de deux superbes peaux de jaguar qu’il offre à Meirelles en gage d’amitié. Ce dernier accepte le cadeau et tire de sa ceinture un machete flambant neuf dans sa gaine de cuir fauve. Il l’offre solennellement à Malhoa qui se pavane avec sérieux devant ses sujets éblouis, faisant effectuer à la lame de rapides et sifflantes circonvolutions qui manquent de nous décapiter tous en même temps. Un plongeon rapide nous sauve in extremis de cette démonstration de force, les Indiens se retirent enfin, suivis de leurs épouses gloussantes et ravies, parées du stock de verroterie que nous leur avons généreusement distribué.