Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils nous ont envahis, occupés et ne semblent pas disposés à déguerpir, bien au contraire.

Ceux qui ne peuvent pas entrer à cause de l’exiguïté de la case écrasent leur visage grimaçant à tous les interstices des parois de bambous. Ils me rappellent certains petits nez rouges écrasés aux vitrines à l’occasion des fêtes de la Noël.

Pour eux, après tout, peut-être sommes-nous aussi les jouets amusants, des bêtes curieuses qu’ils aiment voir évoluer dans leur milieu, tout dé&orientés, tellement gauches…

Comme moi, qui les épiais tout à l’heure…

Leurs sentiments ne diffèrent pas tellement des nôtres. Nous nous amusons mutuellement. C’est gentil tout plein.

— Coti… coti…[1]

Des retardataires arrivent qui nous happent la main tendue.

Coti… coti…

En échange de nos cadeaux, melons d’eau, bananes, baies sauvages, noix amères viennent encombrer le sol de notre case et la transformer en dépotoir. Paisiblement assis maintenant qu’en apparence satisfaits, les Indiens nous observent. Ils se moquent gentiment. Les rires secouent la bedaine des vieux et les seins mous des femmes.

Les Indiens rotent, pètent, crachent et se grattent sous les aisselles à la recherche de tiques, examinent avec soin leurs trouvailles, les évaluent d’un œil gourmand, puis les croquent sans plus de façon.

  1. Tabac.