Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une foule silencieuse d’hommes et de femmes vêtus seulement d’une bande d’écorce entre les jambes nous environne. Des mains timides se tendent pour nous palper. Quelques chiens hargneux nous flairent.

Un étrange dialogue s’engage alors entre Meirelles et les notables indiens. Finalement, c’est le vieux chef Malhoa qui nous conduit à une case, un peu à l’écart du village.

Nous sommes fourbus. La fatigue accumulée depuis des mois semble s’abattre d’un seul coup et me couper les jambes.

Nous installons nos hamacs sous les regards curieux de nombreux Indiens qui s’extasient à chaque chose que nous retirons des cantines. Leurs yeux brillent de convoitise, surtout lorsque j’extrais un rouleau de tabac noir et commence une équitable distribution. Les mains se tendent à nouveau, avides cette fois. Les hommes jusqu’alors assez réservés bousculent les femmes pour exiger la part du lion et, lorsque je n’ai plus rien à distribuer, ils restent encore autour de moi, à suivre le moindre de mes gestes, à le commenter abondamment et c’est assez gênant, parce que je me demande toujot1rs ce qu’ils pensent et que naturellement je ne peux jamais le savoir.

Mon teint, beaucoup plus clair que celui de mes compagnons, les étonne. Une Indienne passe un doigt craintif sur ma barbe, sur les poils du torse, partout. Elle a l’air de trouver ça tout drôle et je souhaite qu’il ne lui prenne pas l’envie de tirer sur ma tignasse pour voir si c’est postiche. Mes lunettes de soleil obtiennent un franc succès.