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CHAPITRE VII

LES SEIGNEURS DE LA FORET BRÉSILIENNE


30 Novembre… La nuit est pleine du concert des « sapos »  » et des « cigaras », calme cependant sur la rivière qui forme un chenal livide, irrégulièrement bordé par l’ombre projetée des falaises qui supportent la voûte lumineuse et profonde d’un ciel où les étoiles se pressent en si grand nombre qu’elles forment des traînées. Des traînées très blanches dans un infini très bleu. La brise maintenant nous apporte la senteur âcre des feux qui rougeoient en bordure d’une lagune que découvre d’un seul coup le Rio das Mortes, étalé en un lac immense à sa confluence avec l’Araguaya.

— Karajas…, Kouououh…

Un long cri d’appel retentit, puis un autre, en écho, lancé par des Indiens qui viennent à notre rencontre pour nous escorter jusqu’à leur village.

— Tatarian, tatarian auri bom !

— Tatarian…, rarerim manakré[1], répond Meirelles.

Nous venons de rencontrer les éclaireurs d’une tribu nomade. Mon rêve est enfin réalisé. Je suis chez les

  1. Bonjour, approchez de nous.