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veillé en sursaut, a poussé un hurlement retentissant, provoquant la fuite du saurien affolé vers la rivière, avec, dans sa gueule, les restes boucanés du « pintado ».
Comme un ennui n’arrive jamais seul, une colonne de fourmis-manioc nous a fait déguerpir très rapidement du bivouac. Réfugiés dans une barque, à trois heures du matin, avec un clair de lune irréel, tous, plus ou moins piqués, gémissant et grattant avec fougue, nous devions assurément ressembler à une troupe de jeunes singes s’épouillant à la cime des cocotiers.
Une chemise, oubliée par Meirelles sur le sable, s’est volatilisée. Il ne reste plus que les boutons métalliques. Les morsures brûlent atrocement. Nous urinons sur les pustules qui commencent à se former à fleur de peau, mais la démangeaison insupportable nous fait arracher la chair à grands coups d’ongles sales.
Aussitôt, ça suppure…
24 Novembre… Décidément, la région est infestée de fourmis. Ce matin, Pablo a été mordu par un superbe spécimen de fourmi Flamand, long d’au moins trois centimètres, noir comme du charbon. J’aurais voulu la conserver, mais dans sa rage, Pablo l’a écrasée. En attendant, il a une sacrée fièvre et sa bonne humeur s’en ressent.
27 Novembre… Cette nuit nous avons aperçu des feux qui se reflétaient dans le ciel nuageux. Très loin.