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dévorons à belles dents les quartiers énormes de viande très blanche, tendre comme du veau et savoureuse en diable.
21 Novembre… Le camp est installé sur un banc de sable au milieu d’un marécage infesté de moustiques que les caboclos baptisent aussitôt du nom de « savanes tremblantes ». La rivière à cet endroit est bordée de palétuviers rouges qui élèvent leurs ramures très haut dans le ciel. Meirelles tire sur un poisson qui, comme les marsouins, jouait à fleur d’eau. Pablo jette son harpon et, malgré la résistance du « pintado », le ramène sur le sable. C’est une prise superbe pesant au moins trente kilos, avec des taches rousses sur les flancs et l’épine dorsale. La gueule est plate, dépourvue de dents, mais les mâchoires sont râpeuses comme une grosse lime.
L’étreinte du « pintado » est mortelle. Comme celle du « pirara » appartenant à la même famille et présentant les mêmes caractéristiques. Ils ont pour habitude de saisir les baigneurs à la cheville et de les entraîner à de grandes profondeurs pour les cacher dans des trous de rocher tapissés d’herbes aquatiques. Revenant ensuite vérifier l’état de décomposion du cadavre, ils ne se décident à se mettre à table que lorsque celui-ci est vraiment faisandé à point.
22 Novembre… Cette nuit, un jacaré est venu rôder dans le camp endormi. Il a renversé notre attirail de cuisine, écrasé une casserole et bousculé José qui, ré-