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carte le point à peu près exact de la lagune aurifère.
12 Novembre… Orage, tempête, nous avons failli naufrager, il a fallu reconstruire complètement l’abri qui avait été emporté par le vent. Duke est remis de sa blessure, mais la cicatrice est fort laide. Pablo ne se souvient plus de sa moitié de doigt perdu dans la gueule d’une piranha. Ma main est en bonne voie de cicatrisation.
15 Novembre… A l’aube nous levions le camp, lorsque de petits cris nous parvinrent de la rivière. On aurait dit une bande d’enfants geignards appelant la tétée. C’étaient des arriragnas qui nageaient en formation triangulaire presque parfaite, leur museau émergeant seul avec une petite moustache comique. Leurs appels ont quelque chose de vraiment humain.
16 Novembre… Les berges maintenant n’ont plus cet aspect verdoyant et agreste qui défrayait agréablement la monotonie de ce long voyage. Elles sont rouge vif, dénudées, formant des falaises qui s’écroulent avec bruit à la moindre détonation comme les glaciers des fjords norvégiens. Derrière les falaises, on aperçoit une sorte de pampa étique avec des arbres rabougris et des herbes jaunes groupées en maigres touffes.
Hier au soir, l’Indien Pareci a capturé une « giboya » de trois mètres, grosse comme une jambe d’adulte, avec une peau fine et noire. Elle filait sur