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chance dans le métier de ses rêves : le journalisme. Son premier « papier», paru dans Gavroche, racontait le Sabordage de la Flotte, à Toulon. Après avoir été correspondant de guerre dans la poche de Royan, il obtint enfin l’autorisation d’engagement souhaitée, et fut parachutiste dans la Marine. Vinrent la capitulation de l’Allemagne, puis la démobilisation, et en juillet 1946, il partit pour le Brésil où il entra à l’Agence France-Presse. C’est alors qu’il suivit la mission brésilienne chargée de tenter une pacification d’une tribu d’indiens Chavantes, surnommés « les Tueurs du Matto Grosso », expédition qui d’ailleurs échoua.

En 1948, il rentra en France pour y chercher des appuis en vue d’une nouvelle expédition et réussit bientôt à repartir avec l’aide de la revue Sciences et Voyages. En 1950, les journaux ont annoncé que Raymond Mau/rais était porté disparu. On a retrouvé dans la jungle guyanaise les traces de son dernier camp, mais rien qui puisse dire ce qu’il était lui-même devenu. Est-il captif des lndiena, en a-t-il été la victime, reverrons-nous un jour ce courageux garçon qui nous avait si gentiment rendu visite ?

Raymond Maufrais avait laissé derrière lui le manuscrit du récit de son expédition au Matto Grosso, où il conte avec toute la fougue de sa jeunesse, les aventures, souvent angoissantes et tragiques, parfois comiques, qu’il a vécues dans les territoires interdits du Brésil. Il avait rapporté des photographies qui illustrent souvent tel ou tel épisode précis de son aventure.

Vécus à vingt ans, écrites à vingt-deux, ces pages révèlent un reporter-né. Certes, il lui manquait encore la formation scientifique de l’ethnologue, il n’avait peut-être pas l’habitude du contrôle rigoureux des observations ; il ignorait sans doute les admirables travaux des savants qui l’avaient précédé dans ce champ d’exploration, mais il faisait déjà preuve d’un don d’observation et de description qui lui permettait tous les espoirs. C’est ce que prouvera l’émouvant récit qu’on va lire.