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à pleines mains dans la marmite de riz, en mangeant goulument, puis, comme je lui offre un collier de verroterie, il me tend une flèche à la pointe d’os taillé qui mesure près de deux mètres avec un empennage de plumes d’araras vertes et jaunes.

L’Indien appartient à une tribu Javahé. Il explique qu’il arrive du Rio Tapirape, où il est allé chercher des bambous pour faire des flèches, puis il nous fait comprendre qu’il a encore faim et en même temps, il découvre la natte d’osier de « cipo imbé », qui couvre presque tout le chargement de la pirogue et à notre grande surprise, nous découvrons alors sept enfants accroupis les uns derrière les autres et une vieille Indienne — sa femme — noire de crasse, le visage caché par de longs cheveux noirs, nue, avec entre ses jambes un récipient de terre cuite plein de braises. La moitié de l’espace restant est occupé par d’énormes brassées de bambous verts et une autre marmite de terre de forte dimension encore pleine de braises fumant sous la mousse…

Je n’arrive pas à en croire mes yeux.

Meirelles leur distribue de la viande sèche, quoiqu’il nous en reste fort peu, et des poissons grillés avec un peu de farine de manioc. L’Indien saisit avidement ces provisions, embarque et après un bref salut s’éloigne aussitôt, pagayant avec force. La vieille, les enfants, tous nous regardent entre leurs mèches et la pirogue disparait.

— Meirelles, pourquoi cette peur ?

— Bah ! répond-il… c’est surtout pour sa femme qu’il avait peur. Très souvent des blancs ou des prospecteurs leur offrent des vivres ou de la verroterie, puis ensuite