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feuilles de palmier, à regretter la perte de sa moitié de doigt.

Duke, armé de son sabre d’abatis, hume le sable comme un bon chien de chasse et pique avec la lame un peu au hasard dans les mamelons érigés par le vent, qui bossellent la plage.

On dirait un puisatier en quête d’une source et après avoir ressorti sa lame salie par un jaune piteux, il pousse de retentissants hourras, grattant le sable jusqu’à former une excavation évasée et peu profonde d’où à pleine main il retire des œufs de tortue.

En quelques instants, un tas de petites boules malléables et blanchAtres, ressemblant assez à des balles de ping-pong, emplit nos chapeaux et tous les récipients que nous découvrons dans nos bagages. Il en sort d’ailleurs toujours, à croire que Duke est un magicien qui connait le truc du chapeau haut de forme.

Mais comme ce n’est pas un magicien, le trou est maintenant vide. Duke réunit les œufs pour les laver à l’eau claire — il y en a au moins deux cents — et nous tous, nous nous mettons à les « éplucher », déchirant de l’ongle du pouce les coquilles parchemin et versant le jaune sableux dans une calebasse énorme.

Après ça, Meirelles, transformé en maitre-queue consommé, s’installe auprès du feu qui flambe et prend la direction des opérations : un peu de mélasse de canne à sucre délayée dans de l’alcool, de la farine de manioc pilée très fin, le tout mélangé au jaune, battu avec ardeur, j’imagine la confection d’une omelette inédite, mais ce n’est qu’un dessert qui, après les piranhas grillées et