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rageusement cisaillent le fil d’acier, et parfois réussissent à le briser.

Pour s’assurer de la vitalité des poissons-tigres, il suffit de les laisser trente minutes en plein soleil (le ventre ouvert, vidé de ses tripes), puis de chatouiller leurs lèvres avec la lame d’un poignard. Et ce n’est, je vous assure, aucun réflexe posthume qui les anime, mais bien une résistance extraordinaire qui leur fait ouvrir la gueule pour happer la lame, la mordiller avec des crissements désagréables et avec une telle force que, soulevant celle-ci, le poisson reste suspendu, le ventre ouvert, mais les yeux bien brillants d’une vie haineuse.

Pour tuer une piranha, il suffit cependant de lui enfoncer une aiguille, ou la pointe du poignard, à la base du crâne, c’est radical ; ou alors de lui écraser la tête d’un coup de talon, c’est encore plus sûr.

Il existe des piranhas vermelhas, pretas, etc., toutes portant des noms adaptés à leur couleur ou à leur taille et plus sanguinaires les unes que, les autres. Pour les voir sauter à fleur d’eau, il suffit de leur jeter un morceau de viande rouge. Aussitôt, elles s’agglutinent, la tête incrustée dans l’appât, battent l’eau de leur queue en éventail, produisent ce bouillonnement si caractéristique de leurs festins.

Duke nous raconte une histoire qui pourrait servir de thème ·à une émouvante nouvelle littéraire :

— Un jour, dit-il, une famille de chercheurs de diamants décida d’émigrer plus au nord du Rio Araguya, là où la vie est moins dure pour les prospecteurs et la terre plus riche. Ils partirent en pirogue et pendant deux jours