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causée par la balle et, réussissent à pénétrer dans les intestins pour vider littéralement le crocodile et laisser ensuite sa carcasse échouer sur une plage comme une baudruche flasque.

… Pour corser le menu du soir, nous décidons de pêcher.

En quinze minutes, une dizaine de kilogrammes de poissons sèchent sur le plancher de la barque. Il suffit de jeter à l’eau un fil d’acier armé d’un crochet et appâté d’un morceau de viande ; chaque lancer amène une prise, ce miracle renouvelé de l’histoire sainte suffoquerait d’envie nos paisibles chasseurs de goujons.

Toute sorte de poissons se prennent à nos lignes rudimentaires, certains, comme les « cahorros » (quoique moins dangereux que les piranhas), sont capables de sectionner la jambe d’un nageur imprudent en refermant sur le membre leur mâchoire garnie de véritables crocs (de plus de sept centimètres de longueur), ce qui justifie leur nom de « poissons-chiens ».

Mais ce sont surtout, et comme il fallait s’y attendre, les poissons-tigres qui forment l’essentiel de notre pêche. A chaque instant, on les sort de l’eau, frétillants, le ventre argenté, avec des écailles d’or ou de vermeil d’un satiné incomparable qui donne envie de caresser…, mais leur gueule qui s’ouvre et se ferme avec un crissement sec coupe toute velléité d’épanchement.

Sortir l’hameçon de leur gueule est un véritable problème qui nécessite un sérieux entrainement, sinon le doigt du pêcheur risque fort de rester entre les dents qui