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ici, sauf, peut-être, pour les serpents qui glissent à une vitesse vertigineuse et dont on n’aperçoit que l’étirement jaunâtre.

Pablo tue une énorme araignée crabe, aux pattes velues, il l’embroche avec son sabre, la brandit sur sa tête (après lui avoir coupé une patte comme amulette), la rejette (immonde, grosse comme un fond d’assiette) dans la vase où elle coule aussitôt avec des bulles.

— Vamos, rapaz, crie Meirelles[1].

— Vamos, répondent les hommes en taillant de plus belle dans la forêt qui nous livre passage comme à regret.

Les bêtes ont le ventre en sang. Clairon trébuche et menace de me laisser en panne ; je frappe avec la cravache aux endroits les plus sensibles, las de creuser de mes éperons ses flancs qui halètent…

Il faut en sortir, il le faut. Et Clairon, ranimé, menace de s’emballer, il fonce dans les fourrés, se frotte aux arbres pour se débarrasser de moi, essaie de se rouler par terre.

Il ne pleut plus, il tombe une bruine visqueuse qui se mêle à la sueur. Des moustiques attaquent, on se gifle à la volée, on hurle fou de douleur ou de rage, des milliers de dards pénétrant à la fois les chairs. Les branches épineuses mettent nos vêtements en lambeaux. Le cuir des selles, celui des bottes sont écorchés comme au contact de fils de fer barbelés.

Un énorme sucuri de huit à neuf mètres glisse d’un arbre. Meirelles tire, mais le reptile a déjà disparu.

Nous avançons avec plus de précautions, scrutant au--

  1. Allons, garçons.