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et du café, des bâches et des ponchos, quelques lampes à pétrole… tout cela s’amoncelle sur la berge en un bric-à-brac invraisemblable qui, finalement, s’ordonne et prend péniblement place dans les pirogues sur lesquelles nous allons embarquer. Évidemment, notre expédition n’a rien d’une caravane publicitaire, c’est une expédition qui vit sur le pays, organisée uniquement par des gens du pays (sauf moi) et qui se passe volontiers de radio, de médecin, de pharmacie compliquée, d’armes ultra-modernes, de lits de camp et de matériel de camping en corne ou en aluminium, de boîtes de conserves, de champagne pour les grandes occasions… non, rien de tout cela.

C’est peut-être moins romantique mais certainement plus pratique. Les armes sont réduites à un colt calibre 32 ou 38, à une carabine Winchester 22 ou 44 et à un sabre d’abatis (par tête de pipe, cela s’entend).

Elles ne sont guère reluisantes d’ailleurs mais elles fonctionnent à peu près bien et tirent presque juste. Il suffit de prendre l’habitude du dérèglement de tir pour faire de superbes cartons.

Les vivres, comme je l’ai déjà mentionné, se composent essentiellement de farine et de viande sèche, la pharmacie d’un kilogramme de coton hydrophile, de quelques bandes à pansement dans une boite stérilisée, d’alcool à 90° et de tubes de comprimés d’athébrine contre la malaria.

Notre petite troupe ne manque d’ailleurs pas de chien. Les dix « caboclos » qui nous accompagnent se ressemblent comme des frères… barbes, chapeaux de feutre ou de paille (informes, crasseux), chemise en loques avec de larges déchirures, pantalon en guenille, pieds nus avec