Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mais je pensais que le boa africain était un des plus gros reptiles…

— Je sais, sourit Roxa… seulement les zoologues n’ont peut-être jamais vu de « sucuri », c’est une erreur à corriger. On doit bien ça à notre serpent de rivière… il fait assez souvent parler de lui.

Roxa est parti chercher des chevaux pour faire une visite à ses plantations.

— Vous verrez ce travail, m’a-t-il dit d’un air heureux.

Dans un coin de la case, un râtelier d’armes fort rustique groupe tous les modèles de fusil, des origines à nos jours, c’est un vrai musée. Des piles de caisses de munitions cerclées de fer forment un véritable arsenal à côté d’instruments agricoles, tels que pelles, pioches et pics. Des sièges et des tables de cuir ou de peau sont couvertes d’esquisses, de schémas d’urbanisme, de plans inachevés et de rapports. Les parois de la case, qui affecte une forme pyramidale, offrent un curieux mélange de peinture surréaliste, de crânes, de peaux sommairement tannées, de mille trophées de chasse qui attestent la sûreté de tir du propriétaire de la case en même temps que ses goüts artistiques… car Roxa m’a avoué avoir un faible pour la peinture. Ses dessins sont d’ailleurs nettement influencés par le style des statuettes précolombiennes et des tatouages de certaines tribus indiennes en voie de disparition.

Par terre, d’énormes melons d’eau, des bananes, pesant chacune au moins deux kilogrammes, des fruits tropicaux des plus connus aux plus bizarres voisinent dans un fouillis fantastique avec des paniers en osier pleins d’œufs