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lait suivre son époux… trois mois plus tard elle se suicidait d’une balle dans le ventre.

Roxa se tait. Il allume une cigarette à la braise du feu qui rougeoie entre deux grosses pierres et me tend le « chimarào » plein d’une infusion brûlante appelée maté. Le maté est une boisson typiquement sud-américaine qui peut se boire chaude ou glacée, mais en suivant certains rites immuables. Le maté se boit dans le chimarào et le chimarào est une calebasse en forme de poire, quelquefois richement plaquée de ciselures d’or ou d’argent massif (en la circonstance de cuivre) et dans l’embouchure de laquelle on introduit une paille de métal prolongée d’une passoire minuscule qui plonge dans la bouillie verdâtre de l’infusion.

Je tiens la calebasse entre mes deux mains et aspire longuement. C’est une tisane pas tellement désagréable qui serait certainement meilleure sucrée, mais le sucre (comme le sel) est ici une denrée très rare et très chère. La calebasse réchauffe les mains engourdies par les froids de l’aube, lorsqu’on bivouaque dans la pampa, et les « caboclos »[1] de la région l’appellent « cuia » ; quant au tube de métal, c’est la « bomba » >.

— Doctor, doctor… olhe so a cobra…[2].

Quelques hommes fort excités viennent de faire irruption dans la case et déposent aux pieds de Rixa un serpent d’une douzaine de mètres et de trois palmes de diamètre. La tête du reptile est broyée, sanguinolente et le

  1. Habitant la région.
  2. Regardez le serpent.