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leur roulette est leur tamis et leur casino à ciel ouvert. Quant au croupier… c’est Rafaelo.

« Les jeux sont faits, Messieurs, rien ne va plus… »

A l’entrée du village, une Indienne d’une dizaine d’années attendait Rafaelo. Elle lui a parlé dans un dialecte indien, du garani, je crois. Rafaelo a souri, passé une main distraite sur les seins minuscules de l’enfant indifférente à peine vêtue d’une bande d’écorce entre les cuisses, puis il me regarde avec un grand sourire inspiré et d’un geste large de grand seigneur en mal d’aumônes…

— Prends-la, dit-il. C’est un cadeau qu’un ami m’envoie de loin… passe la nuit à la « corrutela » ; demain je te donnerai des chevaux.

— D’où vient cette fille ?

— Mon ami l’a recueillie dans un village abandonné, puis l’a expédiée jusqu’ici escortée par ses « peàos »[1]. Elle vient de très loin, par là-bas…

Rafaelo désigne de sa main tendue le moutonnement de la forêt vierge que dorent les derniers rayons d’i, n soleil pâle.

—… et puis, continue-t-il… on pourra jouer au poker, ça me changera un peu, il y a si longtemps que je n’ai pas touché aux cartes.

— D’accord, Rafaelo… je reste.

 

J’avais flairé le piège hier au soir, mais l’animal m’a tout de même possédé en beauté, je pars au petit jour, la tête basse, tel un renard que la poule aurait pris, après

  1. Domestiques.