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que des troncs calcinés, des racines enchevêtrées, le soleil ardent donne un caractère de travaux forcés à l’exploitation de ces terres infernales.

Tout est livide avec de grandes rayures grisâtres.

Noirs vêtus des guenilles sans nom d’une misère impossible à décrire et qui feraient la joie de producteurs de films en quête de figurants, métis, Indiens hâves et nus, Chinois, blancs qui n’ont plus de la race que des traits décharnés et amaigris.

C’est une confusion inouïe d’hommes à peine dignes de ce nom que la barbe, la boue et le jaune de la fièvre re couvrent d’un vernis uniforme.

Il ne manque qu’une dizaine de gardes-chiourmes armés de fouets pour nous transporter au temps des galères et aux périodes les plus reculées de l’esclavage.

— Leur faire gagner de l’argent ? dit Rafaelo. Pour quoi ? Dès qu’ils en ont, ils vont le dépenser à la ville et reviennent ici implorer une pelle et un tamis. Moi, je ne fais pas de dépenses inutiles et bientôt je pourrai vivre tranquillement du fruit de mon travail.

Quand je vous disais que Rafaelo est un garçon à la page.

La nuit tombe sur l’enfer du diamant, les noirs harassés se plongent dans l’eau jaune des canaux et, leur tamis sur la tête, rentrent au village. Ils ne parlent pas, un rêve intérieur berce mal leur souffrance.

Meia pracca… Rafaelo et Cie… les prospecteurs peuvent travailler toute leur vie, jamais la fortune ne leur sourira. Ils restent parce qu’ils croient à la chance, ce sont des joueurs viciés, de mauvais joueurs, car ils s’acharnent :