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Après avoir soigneusement rangé cette petite fortune dans un sac de toile pendu à son cou, il m’emmène visiter le terrain d’exploitation qui est à quelques kilomètres du village. De petits cochons courent entre nos bottes, nous enjambons des canaux étroits, cloisonnés de poutres comme des galeries de mines à ciel ouvert. Quelques arbres étiques et tourmentés sans aucun feuillage semblent avoir été soufflés par un bombardement et sont agrippés au flanc d’énormes excavations dans lesquelles croupit une eau jaunâtre et nauséabonde.

Rafaelo marche très vite. J’ai quelque peine à suivre sa marche. Le paysage devient d’une sauvagerie rarement égalée, la terre semble avoir été bouleversée par un cyclone : partout des trous, des remblais, des tranchées, de brusques éboulis.

Des centaines de canaux découpent en lotissements irréguliers le champ d’exploitation, chauffés à blanc par un soleil sans nuages qui en fait autant de miroirs qui brûlent les yeux.

— C’est là, dit Rafaelo…

Dans chaque trou, un homme accroupi. Dans chaque tranchée, des bras armés de pioches qui peinent, partout des hommes.

Le travail est celui de Canario et de tous les chercheurs de la région, la « bateia » s’appelle maintenant « peinera », mais la méthode primitive est la même. Seul le cadre change, c’est celui du « monchào »[1].

Pas de rivières, pas d’oiseaux. De la forêt, il ne reste

  1. Exploitation du diamant dans les collines.