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avantageux qui généralement le rembourse au centuple des frais qu’il a engagés pour le mari et c’est pourquoi il affectionne ce genre d’affaire : il loue la femme aux prospecteurs de passage et l’installe dans une case gentiment meublée d’un hamac à deux places et d’une cruche d’eau, ou alors il la vend au prix fort aux amateurs éclairés, ses confrères « capangueiros ».

Fort heureusement, les prospecteurs qui veulent évite1· les griffes de Rafaelo peuvent travailler à « meia-pracca »[1], ce que nous appellerions en Europe à mi-fruits. C’est-à-dire que le « garimpeiro » s’entend avec le propriétaire d’un terrain diamantifère et en échange de la nourriture et du matériel, s’engage à partager équitablement le produit de la vente de ses trouvailles. Il peut aussi travailler sur un terrain de l’État et donner de vingt à trente pour cent sur la valeur des pierres récoltées à celui qui lui assure sa subsistance matérielle. Mais il se trouve que tous les bons terrains sont aux mains de gens du type de Rafaelo et c’est vraiment à contre-cœur que les « garimpeiros » se réfugient dans ces dernières ressources, car même travaillant pour Rafaelo, ils espèrent gagner suffisamment d’argent pour se libérer de leur dette et assurer leur avenir.

Rafaelo d’ailleurs éprouve un souverain mépris à l’égard de ces méthodes qu’il juge improductives pour les propriétaires de terrain, et avec une fierté naïve il me montre une dizaine de pierres translucides et sans éclat.

— Il y en a, me dit-il, pour cent mille cruseiros (soit pour un peu plus qu’un million de francs).

  1. Au pourcentage de 50%.