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dant quelques bandits franchissent les limites et s’installent, bravant la loi du Iynch sommaire et implacable qui punit de tels forfaits.

— Sayança… dépêchons-nous…

— Si, senor… Manoel vamos de pressa rapaz…

La « corrutela », le village des chercheurs de diamants, est loin de la rivière. Autrefois il y avait à sa place la forêt vierge et hostile. Un jour, un homme égaré a trouvé une belle pierre, presque à fleur de terre, ça commence toujours comme ça. L’histoire rapidement colportée a fait le tour de l’État et des caravanes de prospecteurs se sont organisées, suivies de toute une population mercantile qui a pour charge essentielle de les exploiter. Ce fut la ruée et à brève échéance la désillusion.

Les aventuriers s’en revinrent, d’autres restèrent, accrochés à un espoir que rien ne pourrait expliquer. A l’époque des pluies, lorsque les terrains d’exploitation sont inondé, les « garimpeiros » partent chercher un travail plus prosaïque dans les fermes ou les villages voisins, ils vagabondent quelques mois, impatients de reprendre le tamis et enfin, fidèlement, à la bonne saison, reviennent à leur hantise.

Des gamins traînent dans la boue des ruisseaux avec de petits cochons noirs et grognons. Les femmes sont belles ou laides, on ne sait jamais. Les hommes sont au travail. Quelques mulets paissent entre les cabanes de palmiers, le monde est loin, l’ennui pèse.

Dans l’unique boutique de la « corrutela », je suis allé boire un verre en compagnie du « capangueiro » que Manoel vient de me présenter.

Un grand gaillard avantageux avec des bottes molles,