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avec, dans le délire encore, des mots d’espoir. C’est dur, répète Canario.

Le matin est beau sur la rivière, la fraicheur agréable. Une odeur forte monte de la forêt avec le soleil d’un rouge sang. Le concert habituel des oiseaux et des insectes sert de fond encore au tableau de la brousse qui s’éveille.

De l’eau jusqu’aux mollets, un pantalon de toile grise retroussé, torse nu, un poignard à la ceinture, Canario accroupi sur la berge racle avec une palette le centre d’une sorte de cible formée par le tas de graviers qu’il vient de renverser sur le sable après l’avoir lavé et passé à la « bateia »[1]. Cette cible, m’explique-t-il, est le résultat du mouvement giratoire et continu imprimé au tamis (ainsi qu’un autre simultanément ascendant et descendant) qui au cours du tamisage place d’une manière presque parfaite les pierres les plus lourdes au centre du grillage et les autres à l’entour. Suivant leur poids et leur qualité, ces pierres ont une couleur plus ou moins foncée, c’est ce qui s’appelle le « cascalho », ou encore les « formas » et leur nom diffère suivant la forme et la couleur, c’est ainsi qui’il y a l’ « ovo de pombo », ou œuf de pigeon qui est du quartz roulé, « feijao preto » ou haricot noir qui est du jaspe, « pretinha » ou turmaline, « ferragem » ou rutile ; « feijao vermelho » ou haricot rouge… ces pierres accompagnent toujours le diamant et révèlent sa présence à un œil averti. La précieuse gemme étant la plus lourde se trouve toujours au centre de la cible formée par le tamisage.

L’œil de Canario est excellent, les années ne l’ont pas usé et il ne lui faut pas longtemps pour constater qu’il

  1. Tamis.