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comme il était jeune, d’autres sont venus qui l’ont roué de coups pour mieux le voler et l’ont abandonné sur une plage déserte. Il s’est cramponné à une épave qui filait sur la rivière et avec ses mains a pagayé pendant plusieurs jours en suivant le courant, harcelé par les crocodiles qui essayaient de la happer et attendaient la défaillance qui l’aurait obligé à lâcher prise et à se laisser couler dans la rivière. Des Indiens l’ont recueilli. Un poisson-tigre, au passage, l’avait mordu, arrachant un gros morceau de la chair du mollet. L’os était à nu… un sorcier l’a soigné. Lorsqu’il a été rétabli, il a tué un homme pour obtenir le matériel nécessaire à la prospection, puis il a recommencé à courir les rivières.

La chance… il a cru l’avoir : un gros caillou d’une vingtaine de carats… mais qui avait une faille et des points noirs ; on ne lui en a donné qu’une misère, alors qu’il se croyait déjà très riche.

Tout de même, avec son argent il est allé au village chercher une femme parce que, tout seul la nuit sur les plages, ce n’est pas drôle et qu’avec ce satané climat, le temps paraît bien long.

Un de ses amis était sans crédit, tué par les fièvres, incapable de travailler. Parce que c’était un ami, il a payé le crédit et pris la femme. C’est la coutume, pas d’église ni de mairie (les liaisons durent ce que dure la chance du prospecteur).

Quant aux enfants, ils vont parfois à l’école, lorsque le village est proche et qu’il y a une école, mais ils apprennent toujours à chercher le diamant avant de savoir lire ou écrire. L’instruction est le cadet de leurs soucis,