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mauvaise qualité et la pointe d’os résisterait mal au cuir d’une antilope.

Les peaux par contre sont très belles, toutes en parfait état de conservation, le venin qui a servi au tannage, suivant les procédés ancestraux des aborigènes de ces régions, dégoutte encore. Un superbe cuir d’« arriragna » m’attire. Il est difficile d’en trouver à acheter, car la chasse en est réservée aux Indiens. L’arriragna (sans traduction en français) est un animal amphibie mammifère, qui remonte le courant des rivières par groupe de trois à six, en formation triangulaire et en poussant de petits cris assez semblables à ceux de phoques. Ces animaux nagent rapidement, ne laissant hors de l’eau qu’une pointe de museau moustachu et plongent avec ensemble et rapidité à la moindre alerte. Il est inutile de les tirer à la carabine, car, blessés ou tués, ils coulent immédiatement et il est alors impossible de récupérer la fourrure qui, d’un lustre ravissant aux reflets rouges et mauves, rappelle en mieux celle de la loutre.

Les Indiens les chassent durant des semaines jusqu’à découvrir leur nid. Ils les enfument ensuite et les assomment à la « borduna ».

La fourrure d’arriragna que m’offre le cacique tenterait un saint.

— Combien ?

Cent cruseiros. Le futé a compris mon désir, il en profite, les yeux modestement baissés, sa main brune courant sur la fourrure savamment exposée aux lueurs du foyer ; inutile, le