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Et pour finir ceci, qui n’est que le Salve du seuil, je n’ai plus qu’un mot à vous dire. Un très sage critique affirme quelque part que le seul juge de la valeur positive d’un poète est le peuple auquel ce poète appartient. « Nous autres Anglais, ajoute-t-il, qui ne comprenons pas Racine et goûtons peu Chateaubriand, nous devons cependant nous incliner et reconnaître que Racine est l’un des plus purs poètes de la France, de même que Chateaubriand est un prosateur d’une puissance rare. Et d’un autre côté, les Français qui ne peuvent pas aimer notre Milton doivent néanmoins admettre que l’auteur du Paradis perdu est le plus grand de nos auteurs après le divin Shakespeare. »

Il est juste qu’il en soit ainsi et que chacun chez soi demeure juge suprême de sa beauté. Mais ce qu’on dit ici des peuples, ne peut-on point le dire des générations ? Il semble que tous ceux qui précèdent un poète dans la vie n’aient jamais qualité pour apercevoir une beauté qui est plus jeune