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cette vie de froide médiocrité. Elle voyait un être inférieur à elle sous tous les rapports jouir d’une espèce de bonheur, tandis qu’elle-même était malheureuse, et s’en étonnait. Hélas ! elle ne savait pas que ceux qui sont privés de cœur et d’imagination sont les seuls qui sachent jouir des agrémens de la vie.

Éléonore luttait contre sa destinée ; sa raison s’était développée pendant son séjour au château de Mortimer : mais malheureusement son cœur s’y était aussi développé et d’une manière fatale : rien n’est plus terrible que le combat entre un esprit supérieur et un cœur brûlant d’une part et des individus d’une parfaite médiocrité de l’autre. Plus nous déployons de force, plus nous nous sen-