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je vivais dans l’avenir ; maintenant je vis dans le passé. »

« Vous ne vous trouvez donc point heureuse dans ce nouveau monde d’intelligence et de luxe ? » dit Melmoth avec une douceur involontaire.

— « Oui, quelquefois. »

— « À quelle occasion ? »

— « À la fin d’une triste et pénible journée, quand mes songes me ramènent vers cette île enchantée. Le sommeil est pour moi comme une barque, conduite par des rameurs imaginaires, et qui me pousse vers des bords charmans et bienheureux. C’est alors que j’existe de nouveau au milieu des fleurs et des parfums. J’entends la musique des airs et des ruisseaux. Tout vit et