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bonheur inimaginable dont je jouissais autrefois. Je l’écoute encore comme un exilé qui entend dans un pays lointain les chants de sa patrie ; j’ai aimé une fois et c’est pour toujours ! » Tout-à-coup, tremblante aux paroles qu’elle venait de prononcer, elle ajouta avec un doux mélange d’orgueil et de pureté virginale : « Les sentimens que je viens de vous confier peuvent me nuire, si vous en abusez, mais ils ne s’effaceront jamais. »

« Ce sont donc là vos vrais sentimens ? » dit Melmoth, après une longue pause, et en s’agitant comme un homme rempli de pensées profondes et inquiètes.

« Mes vrais sentimens ! » s’écria Isidora en rougissant ; « est-il donc possi-