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« Ah ! s’il en est ainsi, je crois bien que j’aime, » dit à demi-voix Isidora.

« Aimer, » poursuivit Melmoth, avec une énergie toujours croissante, « c’est sentir que notre existence est tellement absorbée dans celle de l’objet aimé, que nous n’avons plus de sentiment que celui de sa présence ; de jouissances que les siennes ; de maux que ceux qu’il souffre ; aimer, c’est n’être que par ce qu’il est, n’user de la vie que pour la lui conserver, tandis que notre humilité croît en proportion de notre attachement. Plus nous nous abaissons, moins notre abaissement nous paraît suffire pour exprimer notre amour ; la femme qui aime ne doit plus se rap-