Page:Maturin - Melmoth, Hubert, 1821, tome 4.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et les naturels du pays, en passant devant dans leurs canots, lançaient un regard de tristesse sur son aspect désert, et jetaient quelque objet à la mer pour désarmer le courroux de Séeva.

Cette île, ainsi abandonnée à elle-même, devint d’une fertilité extraordinaire, de même que l’on voit certains enfans qui profitent mieux quand on les néglige, que quand on les entoure de tous les soins du luxe et d’une tendresse excessive. Le sol était tapissé de fleurs, les arbres couverts du feuillage le plus épais, pliaient sous le poids des fruits ; mais il n’y avait pas de main pour les cueillir ni de bouche pour les savourer, quand un jour quelques pêcheurs, qu’un courant très-fort avait