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Quelque éclatante que fût la voix de ce fou, elle n’était point à comparer à celle qui, d’une autre cellule, répéta ses derniers cris avec un accent qui fit trembler la maison. Cette voix était celle d’une malheureuse femme qui, dans le grand incendie de 1666, avait perdu son époux, ses enfans, toutes ses ressources, et par suite sa raison. Le seul mot de feu ne manquait jamais de lui rappeler sur-le-champ toute l’énormité de sa perte. Les cris de son voisin l’avait réveillée d’un sommeil inquiet, et elle se crut revenue à cette nuit horrible : c’était d’ailleurs le samedi, et l’on avait remarqué que ce soir-là son état paraissait toujours plus violent. Elle s’imaginait donc qu’elle faisait des efforts pour