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Qui de la sombre nuit font scintiller les voiles,
Ceignent l’astre d’argent de l’éclat de leurs feux ;
De l’Empyrée ainsi les habitants joyeux,
Enchaînés par la main, en dansant devant elle,
De leur foule empressée entourent l’immortelle ;
Les tendres Séraphins, les martyres, ses sœurs,
Épanchent à ses pieds des corbeilles de fleurs,
De ces splendides fleurs que le plus beau parterre
Jamais ne vit éclore au soleil de la terre.
Et les Anges Gardiens au visage vermeil,
Qui protégent l’enfant pendant son doux sommeil,
Et le beau Chérubin, dans un ardent délire,
De leur ceinture d’or ont détaché la lyre,
Et l’instrument sacré qui frémit sous leurs mains
Module des accords inconnus aux humains ;
Tout célèbre Louise avec des chants de fête.
Un ange approche d’elle et pose sur sa tête
La palme du martyre et le lys gracieux,
Le lys que chérissaient ses illustres aïeux.

Cependant une voix affectueuse et tendre
Dans la sainte demeure alors se fait entendre ;
Elle dit : « Aimons-la, que du terrestre ennui,
» Son âme, parmi nous, se console aujourd’hui ;
» Elle a quitté ses fils, sa fille, autre elle-même ;
» Elle est loin de sa mère et de l’époux qui l’aime ;
» Qu’elle retrouve en nous d’autres amis aux cieux ;
» Aimons-la, cette sœur, comme on aime en ces lieux.
» Jadis elle a goûté de cet amer calice
» Qu’un Croyant doit vider au jour du sacrifice ;
» Elle y puisa souvent et l’absinthe et le fiel ;
« Qu’elle savoure ici le doux nectar du ciel ;
» C’est assez de douleurs ; dans la plus pure joie
« Et dans les saints transports que son âme se noie… »
Alors une autre voix célébra sa candeur,
Sa douce charité, ces trésors de son cœur.

Les élus, déployant l’albâtre de leur aile,
Enlèvent tout à coup la royale immortelle ;