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Ô lyre, à la douleur emprunte tes accents,
Et que ta voix plaintive accompagne mes chants !


Doux aliment des cœurs, consolante Espérance,
Source des plaisirs purs, baume de la souffrance,
Tu nous es donc ravie !… Ah ! de nos tristes yeux,
Et le jour et la nuit, coulez, pleurs douloureux !…
Mort, ô funèbre mort, en venant la surprendre,
Sans doute tu voulais encore nous apprendre
Le néant des humains, le néant des grandeurs !…
Nul, si juste qu’il soit, ne fléchit tes rigueurs !…


Artisan malheureux, à la tête penchée,
Dont elle soulagea la misère cachée,
Inconsolable veuve, indigent orphelin,
Vous tous que secourut son invisible main,
Et vous qui la pleurez, habitants des chaumières,
Rendez-lui ses bienfaits en ardentes prières.


Ô ma lyre, au bonheur emprunte tes accents,
Et que ta voix plus douce accompagne mes chants !


En ébranlant les cieux, une voix imposante,
Et, comme le tonnerre, au loin retentissante,
Dans les vallons divins tout à coup s’éleva ;
C’était la grande voix du puissant Jéhova.
De leurs ailes d’argent les anges se voilèrent,
Leurs fronts humiliés à la fois s’abaissèrent,
Et sur les marches d’or du sacré tribunal
Où sa balance pèse et le bien et le mal,
L’Éternel appela notre Reine Louise :
« Sur la terre, dit-il à cette âme soumise,
» De mes grâces, ma fille, autrefois qu’as-tu fait ? »
L’âme, dans la terreur, baisse l’œil et se tait.
D’élus, en cet instant, une sainte phalange
Légèrement voltige, autour d’elle se range ;
Ce sont les purs esprits de tous ces malheureux
Que sa parole amie a guidés vers les cieux ;
Jadis, quand ils pleuraient en cette vie amère,